"Bien dans son assiette avec son environnement"Astuces et conseils RESTO & CANTINE
AU RESTAURANT
Quels sont les écueils : attendre / choisir / appréhender l’environnement sensoriel et social (le regard d’autrui, la proximité des autres convives).
Les temps d’attente sont souvent difficiles à gérer pour un enfant, d’autant plus lorsqu’il est autiste. Il faut à la fois lui permettre de prendre conscience du temps d’attente, de la raison de l’attente et de ce qu’on peut faire en attendant. Prévoyez des activités qu’il peut faire en autonomie pendant le temps d’attente et un renforçateur si cela est utile pour ancrer les comportements attendus.
Poser un choix est un acte qui requiert différentes compétences. Il faut avoir en mémoire les différentes alternatives, pouvoir évaluer les conséquences de son choix et enfin, être capable de l’exprimer. C’est difficile, même pour les enfants autistes qui parlent. Limitez les alternatives ; vous pouvez fabriquer un menu en images avec les plats qu’il aime servis dans le type de restaurant retenu.
Attention aux stimuli sensoriels (le bruit, l’éclairage, la température de la pièce, les odeurs de la nourriture et des corps).
Conseils
- Habituez-le dès le plus jeune âge
- Commencez par des repas rapides, au fast-food ou dans des cafétérias (self-service) par exemple
- Allez-y en dehors des heures d’affluence pour éviter qu’il n’y ait trop de monde, de bruit et d’attente ; demandez une table un peu à l’écart, loin des cuisines et des toilettes pour éviter le bruit et les passages trop fréquents
- Apportez un plat de la maison qu’il aime et les outils qui favorisent son autonomie
- Apportez un sac avec des jeux pour le faire patienter
- Prévoyez un casque anti-bruits ou tout autre matériel nécessaire en cas de surcharge sensorielle
- Sensibilisez le personnel en salle
- Essayez de le maintenir assis à sa place pour éviter tout danger
- Pensez à féliciter votre enfant pour ses efforts
Vidéo “Aller au restaurant avec Tim”
Pour les petits, lire “Ben au Restaurant”
Beaucoup d’enfants autistes sont privés de temps de cantine, faute d’aménagement de l’espace. Ces aménagements sont de 3 ordres : sensoriels, de structuration et spécifiques.
À LA CANTINE
Aménagements sensoriels
Vous l’avez compris, le fonctionnement sensori-moteur des personnes autistes diffère ; elles ont notamment des difficultés dans le traitement, la hiérarchisation et le filtrage des stimuli sensoriels de leur environnement.
Les 5 sens peuvent être concernés (auditif, visuel, olfactif, gustatif, tactile), ainsi que les systèmes proprioceptif et vestibulaire.
Les lieux de vie doivent prendre en considération ces particularités et des adaptations sont nécessaires. Elles concernent par exemple : la sonorisation, la part visuelle, la volumétrie, le choix des matériaux…
Les adaptations sensorielles, permettent d’apporter un confort de vie, préalable indispensable à toute participation active à une activité : augmentation de l’énergie et de l’attention, diminution de l’anxiété et de la fatigabilité.
Aménagements de structuration
Ces aménagements concernent principalement la définition claire des différentes fonctions dans l’espace (séparation et matérialisation), les parcours et les balises du repérage spatio-temporel.
En effet, le fonctionnement cognitif des personnes autistes entraine des difficultés d’organisation, d’orientation, de repérage dans le temps et dans l’espace, de généralisation…
La structuration consiste à séparer l’espace de manière claire et visuelle en sous-espaces distincts, chacun étant associé à une fonction précise. Un parcours simple et cohérent, et des balises de repérage permettent de renforcer la compréhension et l’appropriation de cet espace.
Un espace de vie structuré est un cadre rassurant qui va aider l’enfant à structurer sa pensée et à s’approprier le projet institutionnel, pour gagner en autonomie.
Aménagements spécifiques
Les aménagements spécifiques sont ceux qui répondent aux « troubles » autistiques, à savoir les surcharges sensorielles, les troubles du comportement (ou comportement-problème), les stéréotypies envahissantes, certaines hypo sensibilités…
Une sécurisation particulière de l’espace de vie, ainsi que des aménagements spécifiques peuvent être mis en place : sas de retrait volontaire (ou impulsé par la personne accompagnante), sas de récupération sensorielle, aménagements relatifs aux stéréotypies, aménagements pour les transitions….
Ces aménagements spécifiques permettent de prévenir les troubles, de les atténuer s’ils surviennent avec l’objectif de développer ses habiletés et stratégies et viser l’autorégulation.
- Les peintures murales
Privilégier les teintes douces sur les murs ; évitez les coloris saturés en pigments - L’éclairage
Privilégier les Led avec variateur d’intensité lumineuse, un éclairage plutôt chaud, entre 2800 et 3000 lumens. Les néons ont des fréquences lumineuses désagréables pour les enfants autistes. Ils émettent un bruit imperceptible mais très gênant et entêtant pour ceux qui ont des hypersensibilités auditives. - L’acoustique
Opter pour les équipement et matériels les moins sonores (frigos, plats en métal, chariots, etc.).
Des sets de table peuvent filtrer les bruits de vaisselle. Des panneaux acoustiques au plafond et sur les murs (voire des paravents) permettent de diminuer le volume sonore général.
Mettre à disposition des casques anti-bruit que l’enfant peut aller chercher en cas de besoin. Les mettre idéalement à disposition de tous pour éviter de stigmatiser l’enfant autiste.
Penser à sensibiliser les personnels de cantine sur les bruits générés en cuisine et au service. - Le sol
Opter pour des matières souples pour absorber les bruits de pas et de pieds de chaises. Attention toutefois aux produits d’entretien : certains laissent des dépôts collants (et donc bruyants sous les pas) au lessivage. - Le décor et le mobilier
Eviter de surcharger la pièce en affiches et autres décors parasites. Éviter le mobilier disparate, les matériaux sonores (pieds de chaises qui raclent le sol notamment) et les couleurs fortes. Attention aux mouvements répétitifs des portes battantes entre la cuisine et la salle. Apposer des filtres sur les vitres si la cuisine ou la cour de récréation sont visibles depuis la salle de cantine. La vision de mouvements perpétuels peuvent déconcentrer l’enfant et avoir un impact sur son comportement. - L’organisation en plusieurs « coins repas » délimités avec les petites cloisons séparatives est très bien adapté. Proposer des tables plus ou moins grandes et de différentes formes l’est aussi. Les tables pas trop grandes (6 personnes) sont souvent préférables pour les enfants autistes, de préférence rondes, car elles sont plus fonctionnelles et conviviales.
- La place des enfants à table et dans l’espace doit être envisagée selon différents facteurs : leur profil, leur parcours d’inclusion, et le fonctionnement du réfectoire scolaire (espace déterminé par niveau, et par classe). Par exemple : la place face à l’espace cuisine et à la porte de service qui s’ouvre et se referme, n’est pas adaptée.
Ré-interroger les places de chacun régulièrement. Par exemple : un enfant peut avoir besoin d’être assis un peu à l’écart pendant une période ou selon son état d’humeur du jour… mais cela peut varier ou évoluer. - La permanence et la stabilité de l’environnement sont importantes et rassurantes. Maintenir des repères stables pour les enfants : place attribuée, voisins de table, animateurs, etc.
- Certains enfants viennent à la cantine avec leur classeur de communication. Prévoir une place fonctionnelle dans ce cas, avec suffisamment d’espace sur la table pour l’utiliser facilement.
- Soigner la signalétique simple et visuelle adaptée à la tranche d’âge pour que l’enfant se repère facilement dans l’espace et dans les tâches demandées (ex. rapporter son plateau, tri, point d’eau, etc.).
- Prévoir/imaginer des solutions adaptées pour informer sur le menu du jour (de la semaine) de façon claire et systématique (support visuel ou annonce orale…). Centraliser les informations et affichages dans un/des endroits stratégiques (dans chaque salle par exemple).
- Prévoir/imaginer des <supports de repérage temporel (séquence type, timer). Y inclure les temps d’attente et de transition (entre les plats/à la fin du service…), afin d’organiser ses temps de latence parfois compliqués pour les enfants autistes.
Les temps d’attente et de transition
Pour éviter les temps d’attente, les enfants peuvent rejoindre le réfectoire une fois le repas servi ou en décalé s’il s’agit d’un self-service (pour éviter de faire la queue) Pendant le repas, les accompagnants peuvent organiser des « rituels animation » pour faire patienter les enfants et encourager le maintien du calme. Un support visuel peut permettre à l’enfant de matérialiser le temps d’attente dans la séquence du repas. Des objets sensoriels ou occupationnels peuvent aussi combler ces temps de transition.
Un coin repas plus protégé et intimiste peut être aménagé pour offrir la possibilité de manger seul ou en tout petit groupe (max 4), un peu à l’écart ou derrière une cloison séparative, dans un environnement sensoriel plus confortable (moins de passage, moins de distracteurs visuels…). Cet espace peut être ouvert à tous les enfants qui en auraient besoin.