Le repas est un événement social, un moment de rassemblement qui met en scène notre rapport à autrui. On y raconte des histoires, on y rit, on y règle parfois des différends …. Il exige des compétences d’adaptation, de communication et d’interactions sociales.

En fonction de notre culture et de notre éducation, le repas est codifié et répond à des règles précises de savoir-vivre. À table, il est important de respecter les bonnes manières, qui peuvent différer d’un groupe ou d’un contexte à l’autre. Il s’agit de maîtriser une liste de compétences qui fait notamment appel à des comportements sociaux adaptés : “bien se tenir”, attendre son tour pour être servi, manger avec ses couverts ou ses doigts, remercier, rire aux traits d’humour de son voisin…

L’enfant avec TSA navigue en terre inconnue : rien de logique, de stable et d’immuable pour le rassurer sur ce qu’il doit faire.

À table, il est de bon ton de communiquer, de faire la conversation.

Il faut être également capable de reconnaître et comprendre les messages des expressions faciales, du langage corporel, l’intonation de la voix afin de décrypter l’état émotionnel des uns et des autres…
C’est un savoir-faire particulièrement difficile à acquérir pour les enfants souffrant de troubles autistiques. C’est pourquoi, ils préfèrent souvent manger seuls, et de manière autonome pour mieux contrôler la quantité de prise alimentaire, sans autre distraction ou injonction que leur assiette.

L’anxiété des personnes autistes face au monde extérieur est immense et les routines permettent, dès leur plus jeune âge, de rendre ce monde plus rassurant car plus prévisible. Or, le repas est souvent une succession de fluctuations : contexte (du pique-nique, à la cantine, au repas de Noël…), convives, plats préparés dans une variabilité d’odeurs, de goûts et de textures. Pas facile quand on peine à s’adapter !

Ainsi, à table, l’enfant préfère manger à heure et place fixe, de préférence le même plat, voire le même aliment (ex. les pommes de terre coupées en dés, pas en bâtons, pas en purée, le midi mais pas le soir !), de la même marque industrielle…
Les enfants avec TSA connaissent souvent de fortes rigidités alimentaires et un panel alimentaire très restreint (moins de 20 aliments distincts, parfois dans une seule catégorie, pour un enfant de plus de deux ans).

En France, la liste des règles à table est longue, voire compliquée.

Elle ne fait pas appel au sens logique et pourtant elle est indispensable à la socialisation. Un bon comportement à table est un signe de “bonne éducation” qui diffère d’une culture à l’autre. Bien élevé ici, grossier là-bas ! Ainsi, en Norvège, il est parfaitement acceptable de tendre le bras pour attraper le sel, ceci afin de ne pas déranger son voisin. En Chine, roter en fin de repas est une marque de compliment pour le cuisinier !
La mise en pratique de ces codes demande là encore beaucoup de flexibilité, alors que l’enfant autiste montre souvent de la rigidité.